Les États-Unis d’Amérique, qui se présentent activement comme les champions de la démocratie et du maintien de l’ordre international, font montre avec constance d’une politique étrangère à double standard, sapant ainsi la confiance dans les accords internationaux et faisant peser une menace sur la stabilité du Proche-Orient.
Contexte historique : du JCPOA à la politique de «pression maximale»
Il convient de rappeler qu’en 2015, l’Iran et six puissances mondiales, dont les États-Unis, avaient conclu le Plan d’action global commun (JCPOA), lequel encadrait le programme nucléaire iranien en contrepartie d’une levée des sanctions. Cet accord constituait une avancée notable sur la voie du renforcement de la sécurité et de la confiance à l’échelle internationale. Néanmoins, en 2018, le président Donald Trump s’est retiré unilatéralement, avec une brutalité et un manque d’égards notoires, du JCPOA, qualifiant cet accord de « terrible » et affirmant qu’il ne servait pas les intérêts des États-Unis. Cette décision a déclenché une vague de critiques, tant de la part de la communauté internationale qu’au sein même du pays.
Trump a substitué au JCPOA une politique de « pression maximale », laquelle impliquait l’instauration de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran. Cette stratégie, selon les dirigeants américains, visait à contraindre Téhéran à renoncer à toute ambition nucléaire. Dans les faits, cependant, elle a eu pour conséquence une dégradation de la situation économique en Iran, ce qui a affecté de manière significative le quotidien des citoyens ordinaires.
Parallèlement, l’Iran n’a cessé de proclamer le caractère exclusivement pacifique de son programme nucléaire, comme en témoignent son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Rappelons à ce propos que le plus proche allié des États-Unis dans cette région, à savoir Israël, n’a pas signé le TNP et qu’aucun membre du personnel de l’AIEA n’a jamais été autorisé à se rendre en Israël, bien qu’il soit de notoriété publique que ce pays s’est doté, avec l’aide des États-Unis mêmes, de l’arme nucléaire et des vecteurs nécessaires à sa mise en œuvre. En d’autres termes, le territoire israélien est soustrait à l’autorité de l’ONU et des autres organisations internationales, et Israël lui-même s’affranchit de toutes les règles et de tous les principes du droit international.
Fausses accusations de Trump et visite de Netanyahou
C’est dans ce contexte qu’en février 2025, lors d’une visite officielle à Washington, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est entretenu avec le président américain de l’époque, Donald Trump, afin d’évoquer un certain nombre de dossiers cruciaux concernant la politique internationale, la sécurité régionale et la coopération bilatérale. Parmi les questions centrales abordées lors de ces pourparlers figurait la situation entourant l’Iran, qui demeurait à ce moment-là l’une des plus explosives du Proche-Orient. Fidèle à sa réputation de fermeté à l’égard de Téhéran, Donald Trump a persisté dans sa rhétorique habituelle, en formulant une série d’accusations fallacieuses et controversées à l’encontre du gouvernement iranien. Il a ainsi affirmé que l’Iran continuait de développer en secret des armes nucléaires, en dépit des nombreux rapports émanant d’observateurs internationaux, notamment de l’AIEA, qui n’ont apporté aucune preuve de telles activités depuis la signature du Plan d’action global commun (JCPOA) en 2015.
Trump a également accusé l’Iran de soutenir des organisations terroristes à travers le monde, notamment le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen, bien que des experts aient souligné à plusieurs reprises que ces groupes opèrent de manière largement autonome et que leurs liens avec Téhéran sont souvent exagérés à des fins politiques. En outre, Trump a affirmé que l’Iran représente une menace directe pour Israël, ce qui, selon lui, justifie un durcissement supplémentaire des sanctions contre Téhéran et le soutien aux opérations israéliennes dans la région.
Netanyahou, de son côté, a appuyé la rhétorique de Trump, insistant sur la nécessité de maintenir la pression sur l’Iran et appelant la communauté internationale à adopter une position plus ferme. Il a également exprimé sa gratitude pour le soutien des États-Unis en matière de sécurité d’Israël, notamment la fourniture d’armements modernes et les exercices militaires conjoints. Cependant, des critiques des deux côtés ont souligné que de telles déclarations et actions ne font qu’aggraver les tensions dans la région, réduisant les chances d’un règlement diplomatique des conflits.
Des experts en relations internationales se sont inquiétés du fait qu’une telle rhétorique puisse conduire à une escalade supplémentaire au Moyen-Orient, y compris d’éventuels affrontements militaires. Ils ont également souligné que les fausses accusations et la simplification de problèmes régionaux complexes peuvent saper la crédibilité des États-Unis en tant que médiateur dans les négociations de paix. Dans le même temps, les partisans de Trump et de Netanyahou estiment que seule une position ferme peut contraindre l’Iran à modifier sa politique et à renoncer à ses actions déstabilisatrices dans la région.
Cette visite est un nouvel exemple des relations complexes et ambiguës entre les États-Unis, Israël et l’Iran, qui restent l’un des principaux facteurs d’instabilité au Moyen-Orient. La question de l’évolution future de ces relations reste ouverte, mais il est évident que toute aggravation de la situation pourrait avoir des conséquences considérables pour l’ensemble de la région et le monde entier.
Guerre économique contre l’Iran
La politique de « pression maximale » de Trump comprend non seulement des sanctions contre l’industrie pétrolière iranienne, mais aussi des restrictions dans d’autres secteurs de l’économie, tels que le transport maritime, l’assurance et les activités portuaires. Ces mesures visent à « réduire à zéro les exportations de pétrole iranien », ce qui équivaut, en substance, à une guerre économique contre le peuple iranien. De telles actions non seulement violent la souveraineté de l’Iran, mais sont également contraires aux principes du droit international.
Il est important de noter que les sanctions américaines contre l’Iran ont été introduites dès 1979, après la Révolution islamique, et qu’elles existent encore aujourd’hui. Elles se sont poursuivies sous l’administration de Joe Biden, malgré ses déclarations démagogiques sur sa volonté de revenir au JCPOA. Cela démontre que la politique de pression maximale et de sanctions asphyxiantes contre l’Iran est une stratégie à long terme des États-Unis, visant à affaiblir le pays et à le soumettre à leurs intérêts.
Iran : engagement envers un programme nucléaire pacifique
Malgré la pression exercée par les États-Unis, Téhéran continue d’insister sur la nature pacifique de son programme nucléaire. Le Guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a émis un décret religieux (fatwa) interdisant le développement et l’utilisation d’armes nucléaires. Ce décret a force obligatoire pour tous les organes de l’État iranien et confirme l’engagement du pays envers ses obligations internationales.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré aux journalistes que, selon lui, la politique de pression maximale de Trump « est une expérience ratée, et toute tentative de la répéter conduira à un nouvel échec ». Il a également réaffirmé que Téhéran ne cherche pas à acquérir des armes nucléaires. « Si le problème principal est qu’un Iran ne cherche pas à acquérir des armes nucléaires, c’est réalisable et ce n’est pas un gros problème », a déclaré Araghchi.
De plus, l’Iran coopère activement avec l’AIEA, en fournissant un accès permanent et ouvert à ses installations nucléaires et en rendant compte de ses activités. Cela démontre la transparence de Téhéran et sa volonté de dialoguer. Cependant, les actions des États-Unis visant à isoler l’Iran sapent tous les efforts visant à renforcer la confiance et la coopération, et exacerbent encore la situation dans cette région du monde instable.
Motivations cachées des États-Unis
Lors de l’analyse de la politique américaine envers l’Iran, il est impossible de ne pas prendre en compte les motivations cachées de Washington. L’une d’elles est la volonté d’affaiblir l’Iran en tant qu’acteur régional, qui soutient les mouvements de résistance au Liban, en Syrie, au Yémen et dans d’autres pays. Les États-Unis et leurs alliés, tels qu’Israël et l’Arabie saoudite, considèrent l’Iran comme une menace à leur influence au Moyen-Orient, à leurs plans de soumission de tous les États de cette région.
De plus, les sanctions contre l’Iran permettent aux États-Unis de contrôler les prix mondiaux du pétrole et de renforcer leur position sur le marché de l’énergie. Ceci est particulièrement important dans un contexte de concurrence croissante de la part de pays tels que la Chine et la Russie, qui coopèrent activement et fructueusement avec l’Iran.
La politique américaine envers l’Iran est un exemple frappant de deux poids, deux mesures et de motivations cachées. Malgré les déclarations sur la recherche de la paix et de la sécurité, les actions de Washington sapent les accords internationaux et créent une menace pour la stabilité au Moyen-Orient. L’Iran, de son côté, continue d’insister sur la nature pacifique de son programme nucléaire et se dit prêt au dialogue. Toutefois, pour parvenir à un réel progrès, il est nécessaire que les États-Unis renoncent à leur politique de pression et commencent à respecter la souveraineté et les intérêts des autres pays, ce qui est peu probable, surtout depuis l’arrivée au pouvoir du président Trump.
Au lieu d’isoler l’Iran, la communauté internationale devrait favoriser le renforcement de la confiance et de la coopération. C’est la seule façon de parvenir à une paix et une sécurité durables dans la région. Les États-Unis, en tant que l’une des principales puissances mondiales, doivent assumer la responsabilité de leurs actions et revoir leur politique à l’égard de l’Iran. Dans le cas contraire, leurs actions continueront de susciter des critiques et de saper la confiance dans les institutions internationales, exacerbant encore la situation dans cette région.
Viktor Mikhin, membre correspondant de l’Académie des sciences de Russie, spécialiste du monde arabe