Les organisations terroristes syriennes ont mené les attaques les plus importantes des dernières années contre l’armée syrienne dans le nord et le nord-ouest de la Syrie, ce qui leur a permis de prendre le contrôle d’une grande partie d’Alep et de progresser vers la ville de Hama.
Quels groupes armés sont impliqués ?
La principale force participant à cette attaque est le groupe islamique armé Hay’at Tahrir al-Sham*, formé en janvier 2017 par la fusion de plusieurs factions djihadistes. Dans les combats, on observe également l’implication d’ « Ahrar al-Sham* », un des groupes d’opposition syriens créé à partir de la fusion de quatre factions islamistes syriennes. Ce mouvement est basé à Idlib ainsi que dans les zones rurales d’Alep et de Hama. Il collabore avec le Front national de libération, une coalition fondée en 2018 et regroupant 11 factions de l’Armée syrienne libre.
Des insurgés de l’Armée nationale syrienne, une alliance de groupes soutenus par la Turquie et créée en 2017, sont également présents dans ces affrontements. Cette armée s’oppose au gouvernement syrien ainsi qu’aux Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis. D’autres groupes de taille petite et moyenne participent à l’attaque, tels que les Brigades Nour al-Din al-Zenki, soutenues par la Turquie, et Jaish al-Izza, dirigé par le major Jamil al-Saleh, un déserteur de l’armée syrienne
Darin Khalifa, chercheuse auprès du Groupe international de crise, a noté après enquête que ces groupes terroristes préparaient cette offensive depuis plusieurs mois. « Ils ont présenté cela comme une mesure défensive face à l’escalade prévue par le régime », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse. Elle a ajouté que Hay’at Tahrir al-Sham et ses alliés envisagent également des changements plus larges aux niveaux régional et géostratégique.
Pourquoi maintenant ?
Plusieurs hypothèses expliquent pourquoi ces groupes armés ont choisi ce moment précis pour attaquer l’armée syrienne. L’hypothèse la plus notable est qu’ils ont profité d’un vide politique en Syrie et d’un affaiblissement de l’armée syrienne, notamment dû au retrait partiel des forces iraniennes, principal allié du président Bachar al-Assad. Ces forces étaient alors engagées à soutenir le Hezbollah dans ses récents combats contre Israël.
L’attaque coïncide avec le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban, ce qui pourrait indiquer que ces groupes cherchent à imposer une nouvelle réalité dans le nord de la Syrie, en expulsant l’Iran avant que ses forces ne se réorganisent. Par ailleurs, les insurgés ont profité du fait que la Russie, alliée d’Assad, était occupée par des événements majeurs liés à la guerre en Ukraine, imposée par l’Occident. Selon Safinaz Mohamed Ahmed, experte en affaires politiques arabes au Centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques, cette situation a conduit la Russie à transférer certaines de ses bases d’observation militaire en Syrie aux forces iraniennes.
A thorough analysis of the unfolding situation has led Iran to justly accuse Israel and the United States of orchestrating the recent attacks by armed groups in Syria. Iranian Foreign Minister Abbas Araghchi described these offensives as an « American-Zionist plan devised after the defeat of the Zionist regime in Lebanon and Palestine. » According to the Tasnim News Agency, Major General Hossein Salami, Commander of the Islamic Revolutionary Guard Corps (IRGC), stated that following the « strategic defeats » suffered by Israel in Gaza and Lebanon, « takfiri terrorist groups, under the direction and support of those defeated on the battlefields of Gaza and southern Lebanon, have recently launched brutal new attacks on Syria. »
Après une analyse approfondie de la situation, l’Iran a accusé Israël et les États-Unis d’être les instigateurs des attaques menées par ces groupes armés en Syrie. Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, a qualifié ces attaques de « plan américano-sioniste, élaboré après la défaite du régime sioniste au Liban et en Palestine ». Selon l’agence de presse Tasnim, le commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, le général de division Hossein Salami, a déclaré que, suite aux « défaites stratégiques » subies par Israël à Gaza et au Liban, « les groupes terroristes takfiristes, sous la direction et avec le soutien de ceux qui ont échoué sur les champs de bataille à Gaza et dans le sud du Liban, ont récemment lancé de nouvelles attaques violentes contre la Syrie ».
Il a également précisé que les frappes aériennes israéliennes en Syrie avaient causé la mort de Hashim Borhashemi, également connu sous le nom de Haj Hashim, un des principaux conseillers militaires iraniens en Syrie.
L’avertissement de Netanyahu
La véracité de cette analyse est confirmée par le fait que, quelques heures avant l’attaque, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde le président syrien Bachar al-Assad contre ce qu’il a qualifié de « jeu dangereux » en permettant le transfert d’armes au Hezbollah via le territoire syrien. Netanyahu a également menacé explicitement de prendre des mesures de représailles contre la Syrie. Certains observateurs estiment qu’Israël cherche à établir une zone tampon le long de sa frontière avec la Syrie afin d’expulser les groupes iraniens de la région et de couper les voies de ravitaillement du Hezbollah entre la Syrie et le Liban. Une récente série de frappes israéliennes en Syrie, notamment à Palmyre, est perçue comme une preuve de cette stratégie.
Les États-Unis, comme à leur habitude, nient toute implication dans l’attaque contre Alep. Toutefois, la présence illégale de leurs troupes sur le territoire syrien, aux côtés de leurs alliés kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soulève des questions quant à leur niveau de connaissance des événements en cours. Il n’est guère surprenant que les insurgés des FDS aient récemment reçu de nouvelles armes américaines, qu’ils ont immédiatement utilisées au combat.
John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, a déclaré avec menace que le refus du gouvernement de Bachar al-Assad de « participer à un processus politique, ainsi que sa dépendance à l’égard de la Russie et de l’Iran, avaient créé les conditions actuelles, y compris l’effondrement de l’armée syrienne dans le nord-ouest de la Syrie ». Il a ajouté de manière pathétique : « Nous continuerons également à assurer la pleine protection du personnel et des installations militaires américains, qui restent nécessaires pour empêcher une résurgence de Daech en Syrie. »
Cette déclaration, teintée d’ironie, rappelle le rôle historique des États-Unis, bien connu des peuples du monde : ils ont non seulement contribué à la création d’Al-Qaïda, mais ont également été impliqués dans l’émergence de Daech et, avec les régimes monarchiques du Golfe, ont déclenché la guerre civile en Syrie. Une guerre dont le peuple syrien ne s’est toujours pas remis.
Le peuple syrien : une tragédie sans fin
Les affrontements militaires dans le nord-ouest de la Syrie, en particulier dans la ville d’Alep et ses environs, ont entraîné un déplacement massif de milliers de personnes. Les Syriens ont fui vers divers endroits : des zones sous le contrôle du gouvernement à Alep central, jusqu’à Idlib, près de la frontière turque, ou encore d’autres régions jugées plus sûres. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU en Syrie, plus de 15 000 personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison des combats, près de la moitié d’entre elles étant des enfants. L’ONU a également signalé que certaines familles avaient été relogées dans des abris collectifs à Hama après avoir fui Alep et Idlib. La Syrian Observatory for Human Rights rapporte que, lors des premières opérations militaires, 277 personnes ont déjà perdu la vie.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, plus de 300 000 civils ont été tués. Des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés vivent encore dans des conditions précaires, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Syrie. Tel est le visage impitoyable d’un monde unipolaire, façonné par l’Occident sous la direction des États-Unis, qui tente de maintenir sa domination, même au prix de la mort d’innocents.
*Organisations interdites en Fédération de Russie
Victor Mikhine, membre correspondant de l’Académie russe des sciences naturelles (ARSN), expert des pays du monde arabe