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Israël a commencé la troisième guerre libanaise. Et la Turquie ?

Alexandr Svaranc, octobre 08

Les forces de défense israéliennes ont lancé une opération terrestre « limitée » dans le sud du Liban le 30 septembre (la troisième guerre de facto).

Israël a commencé la troisième guerre libanaise

Le gouvernement de Netanyahou mène une guerre constante pour détruire tous les foyers de résistance contre Israël. 

Le conflit israélo-arabe qui dure depuis un an à Gaza a en partie servi à atteindre les objectifs d’Israël, puisque la bande de Gaza est maintenant en ruine et que le Hamas a été durement touché.
Si Israël continue à s’intensifier au Moyen-Orient, l’Iran réagira plus sérieusement
Massoud Pezeshkian

Aucune force n’a arrêté Israël de cette décision – ni le front de la résistance islamique avec des centres à Gaza, au Liban, au Yémen, en Syrie ou en Irak ; ni les menaces sans fin agressives de la diplomatie turque ; ni les appels de la communauté internationale et des pays clés ; ni la plainte de l’Afrique du Sud à la Cour pénale internationale contre les autorités israéliennes ; ni l’attaque par drone et missile de l’Iran et les activités militaires de CGRI.

Israël compte sur ses propres services militaires et de renseignement efficaces, un puissant soutien politique et militaire américain et une diaspora juive mondiale qui dispose du mélange nécessaire de ressources politiques, économiques, financières et technologiques. Tel-Aviv, avec l’aide de Washington, négocie un armistice à Gaza au Caire, à Doha et à Paris. Mais Israël n’accepte pas une paix et un cessez-le-feu définitifs, parce qu’il croit que l’élimination de toutes les autres sources de résistance contre Israël est nécessaire.

Bien sûr, tous ces foyers de résistance islamique Israel relie à l’Iran, mais Tel-Aviv actuellement evite une confrontation militaire directe avec l’État iranien pour des raisons géographiques, politiques et militaires.

Pourtant, le gouvernement de Netanyahou tente d’entraîner l’Iran dans une guerre régionale et d’obtenir une intervention militaire américaine pour porter un coup irréversible aux Perses et éliminer le régime politique existant à Téhéran. Netanyahou avertit publiquement les autorités iraniennes que si elles interviennent dans la guerre du côté du Liban, Israël frappera un coup direct à l’Iran.

Il se trouve que les tactiques de Netanyahou, Gallant et Halevi répètent le fameux dicton de Napoléon : « On s’engage partout, et puis l’on voit. »

Netanyahou est particulièrement prudent dans le choix du moment politique et de l’emplacement de ses opérations. Par exemple, la prochaine élection présidentielle américaine et le départ de l’administration actuelle du président J. Biden. Tel Aviv peut se permettre de mettre les États-Unis devant le fait. L’armée israélienne n’avance pas tant que les services de renseignement n’ont pas mené des opérations secrètes pour éliminer les dirigeants importants dans le camp de l’ennemi. La situation avec l’opération des téléavertisseurs, l’élimination du secrétaire général et d’autres dirigeants du « Hezbollah », du Hamas, du Front populaire pour la libération de la Palestine et des généraux du CGRI en sont des exemples.

À cet égard, Israël s’inspire d’une autre citation de Napoléon : «La troupe de moutons, dirigée par un lion, toujours triomphera sur la troupe de lions, dirigée par un mouton». En d’autres termes, Tel-Aviv essaie d’éliminer les chefs militaires les plus expérimentés et talentueux de l’ennemi, qui devraient désorienter leurs unités de combat et les mettre hors d’action pendant un certain temps pour résoudre la situation sur le champ de bataille.

Après avoir lancé l’offensive dans le sud du Liban, Israël a lancé une opération terrestre limitée pour éliminer les bastions du Hezbollah sur le territoire frontalier avec les forces des divisions d’élite : 98e commando, 36e brigade blindée, 146e réserve et 91e division de Galilée avec le soutien de l’armée de l’air, de la marine et de l’artillerie.

L’armée libanaise s’est retirée vers le fleuve Litani, laissant les brigades du Hezbollah combattre seules contre les forces de Tsahal dans le sud du pays. Au même moment, l’armée de l’air israélienne, avec l’aide de la Marine américaine, a lancé des frappes massives sur la plus grande ville portuaire du Yémen, Hodeida, et les frappes aériennes israéliennes ont suivi à Damas en Syrie. En d’autres termes, Israël attaque sur tous les fronts et intensifie ainsi l’escalade militaire au Moyen-Orient sans tenir compte du droit international ou des menaces verbales contre n’importe qui le dit.

Quelle est la réaction externe aux récents événements du Moyen-Orient ? 

Bien sûr, la majorité de la communauté internationale condamne cette obstination d’Israël, ses attaques permanentes en Iran, en Syrie, en Irak et au Liban. L’ONU se limite à quelques déclarations, le travail du Conseil de sécurité des Nations unies sur les décisions adéquates est bloqué par les États-Unis et le Royaume-Uni. Les pays de l’Est arabe n’avaient pas auparavant d’approche solidaire envers Israël et ne l’ont pas non plus à présent. Le monde islamique n’est pas non plus prêt à prendre des mesures radicales.

L’Iran reste le seul adversaire constant d’Israël, combinant la diplomatie avec des méthodes militaires pour contrer l’agression israélienne. Téhéran a commencé à envoyer des forces militaires en Syrie, sur les hauteurs du Golan, près des frontières d’Israël. Les autorités de l’Iran et les dirigeants du CGRI ont averti à plusieurs fois que dans le cas d’une agression militaire israélienne contre le Liban, la partie iranienne serait contrainte de faire la Guerre. Téhéran comprend que s’il n’agit pas avec force, il montrera sa faiblesse et portera un coup fatal à la crédibilité régionale de l’Iran.

Après les déclarations pacifiques de Pezeshkian à New York et le début de l’opération militaire israélienne au Liban, Téhéran est quelque confuse. Néanmoins, les probables divergences politiques internes sur le sujet des négociations avec l’Occident et la puissance militaire de la coalition d’Israël avec les États-Unis et d’autres pays de l’OTAN n’ont pas empêché l’Iran de faire des représailles. Le 1 octobre, l’Iran, sous les ordres de l’ayatollah Ali Khamenei, a lancé une attaque en profondeur à l’intérieur d’Israël, utilisant environ 500 missiles (dont des missiles hypersoniques et balistiques qui ont pénétré les systèmes de défense aérienne et le « Dôme de fer »). Téhéran, avec cette frappe, a déclaré vengeance en réponse au meurtre de I. Haniyeh, H. Nasrallah, généraux de CGRI.

Le président M. Pezeshkian a qualifié la frappe sur Israël comme une réponse légitime à des « actions agressives » contre les intérêts iraniens et que l’Iran ne cherche pas la guerre, mais « réagit durement à toute menace ». Il a averti Netanyahou que s’il y a le réponse, un coup encore plus sévère suivra. Le ministère des affaires étrangères iranien a indiqué que l’attaque de missile visait des cibles militaires israéliennes (y compris les bases militaires, le siège du « Mossad », le centre nucléaire au Néguev, etc.).

Parmi les opposants actifs aux actions du gouvernement Netanyahou, le Président turc Erdoğan. Ankara se limite encore aux « batailles diplomatiques », critique publique d’Israël, condamnation de la politique de Netanyahou, appelle génocide les actions de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et au Liban.

Lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le président R. Erdoğan a fait de nouvelles propositions en cas d’escalade des tensions militaires dans la région par l’attaque israélienne sur le Liban. En particulier, le dirigeant turc a suggéré à l’Assemblée générale d’utiliser la force contre Israël. « Tout comme l’alliance mondiale a arrêté Hitler il y a 70 ans, l’humanité doit arrêter Netanyahou et les assassinats qu’il a faits ». Le dirigeant turc a également reconnu la faiblesse du monde islamique face à l’agression israélienne, car les pays musulmans devraient donner l’exemple et être « à la pointe des mesures de secours mondiales » à Gaza, en Cisjordanie et au Liban.

Il y a quelques mois, le dirigeant turc menaçait Israël d’une « invasion nocturne » suite à ses actions en Libye et au Haut-Karabakh. Mais le temps passe, Israël, ignorant les menaces verbales d’Erdoğan, a commencé une guerre dans le sud du Liban. La Turquie doit encore faire face aux menaces de jour et de nuit contre Israël.

 

Alexandr Svaranc – docteur des sciences politiques, professeur, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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